En occitan ou provençal, Mizoën pourrait signifier « au midi »
Mizoën est situé en Oisans, une région des Alpes entre le département de l’Isère et des Hautes-Alpes, correspondant au bassin de la Romanche.
A une altitude de 1 200m, la commune de Mizoën est placée sur un promontoire dominant la Romanche et le Ferrand. Avec ses deux hameaux qui lui sont rattachés, Les Aymes, à une altitude de 1 290m et Singuigneret à 1 360 m, sa population totale est de 197 habitants.
Depuis 1973, la commune de Mizoën est incluse dans la zone « périphérique » du Parc des Ecrins, donc vouée à des aménagements « doux », c’est-à-dire limités. Depuis 2014, la commune a adhéré à la nouvelle charte du Parc et est ainsi intégrée dans la zone dite « d’adhésion ».
Comme la plupart des communes de l’Oisans, Mizoën fut un pays de marchands colporteurs qui se livraient au commerce d’articles de mercerie, de tissus et peut-être, à l’occasion, de plantes des montagnes ou de cristaux.
Mizoën fut un fief protestant. Un pasteur fut envoyé par Calvin dès 1562. La Réforme s’établit en Dauphiné en 1522 par Guillaume Farel, compagnon de Calvin, on peut supposer que les gens de Mizoën furent rapidement conquis par cette religion nouvelle. Les « marchands » furent probablement les diffuseurs de ces idées et les sympathisants de la communauté protestante, parrainant les nouveau-nés, finançant le temple et l’école, constituant une sorte de « banque coopérative » dite du denier des pauvres, mais aussi d’entraide en faveur des « jeunes » partant au commerce. L’épisode protestant s’arrête avec les vexations ordonnées par Louis XIV autour des années 1680, la Révocation de l’Edit de Tolérance en 1685 et la suppression de tout statut légal aux « prétendus réformés ». Le dernier pasteur, Jean Bonnet, prend la route de l’exode, puis les familles et groupes de familles s’exilent les années suivantes en direction de la Suisse, de l’Allemagne voire des Pays-Bas. Ils gagnent la frontière de Savoie par le col des Prés Nouveaux, puis Genève, avant de se disperser dans les pays d’accueil. Certains sont emprisonnés, d’autres exécutés, certains envoyés aux galères… En 1689, la communauté a perdu les deux tiers de ses habitants. Les biens des « déserteurs » sont loués à de « bons catholiques » mais de nombreuses terres restent incultes.
Depuis le 18ème siècle et jusqu’à une période récente, les cultures principales étaient le seigle, le froment, l’orge, l’avoine, la pomme de terre, des légumes (choux, choux-raves, haricots, pois, poireaux, betteraves, bettes, carottes..), tout le nécessaire pour subsister. Les alpages se développent à partir de 1700 mètres et s’étendent, à travers des vallonnements aux formes douces, jusque vers 2400 mètres d’altitude. Ce grand espace pastoral, dont une partie était fauchée encore au début du XXe siècle, se nomme « le Plateau d’Emparis ».
Le Plateau d’Emparis a été classé dès 1991 et une grande zone de 2400 ha, s’étendant sur 3 communes, Clavans, Besse et Mizoën a, elle, été déclarée Natura 2000. Ces deux classements ont permis et permettront à l’avenir de protéger les espèces menacées comme la laiche bicolore, l’avoine odorante, des tourbières et autres sites remarquables.
Il ne reste plus aujourd’hui que deux éleveurs d’ovins et de caprins, avec quelques 200 bêtes.
A la fin du XIXe siècle, une industrie électrochimique et électrométallurgique s’installe dans la basse vallée de la Romanche. Après la première guerre mondiale, notamment en 1921, les industriels de la Romanche créent une Société des Forces Motrices de la Haute-Romanche qui va entreprendre la construction d’une réserve hydraulique au Chambon pour garantir une fourniture régulière d’électricité. Les travaux préparatoires sont lancés. Le grand chantier bouleverse l’équilibre économique et social de la haute vallée, avec l’afflux de main-d’œuvre étrangère entre 1925 et 1935.
La construction du barrage du Chambon (1935) et sa retenue d’eau située en grande partie sur le territoire de Mizoën peut être considérée comme le passage de l’ère traditionnelle à l’ère moderne, de la société paysanne à la société industrielle.
Dans la foulée de « l’or bleu », le développement touristique, grâce à « l’or blanc », a permis la création de prestigieuses stations de sports d’hiver avec notamment l’Alpe d’Huez, rendue célèbre aussi en été par le Tour de France pour sa montée aux 21 lacets et les Deux Alpes, connue pour son ski d’été sur le glacier à 3600m. Ces deux stations, qui toutes deux offrent de multiples activités sportives sont aujourd’hui devenues les poumons économiques de la vallée dont Mizoën bénéficie grâce à sa proximité